• Chevaux des mines

    Chevaux des mines

    Chevaux des mines
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    Jusqu'au début du XXème siècle, les chevaux ont été abondamment utilisés pour le travail au fond des mines, pour tracter les chariots chargés de minerais.

    Le travail des chevaux :

    En arrivant à la mine, les chevaux sont d'abord rebaptisés, puis ils suivent un dressage spécifique, beaucoup plus dur qu'un dressage normal, car ils mettront à rude épreuve leur corps et leur moral: parcours sur des rails, traction d'un nombre croissant de wagonnets, le tout dans un environnement agité et bruyant. Certains apprennent vite à "compter" les chariots : au démarrage du convoi, un bruit de chaînes accompagne la mise en mouvement successive des chariots, et certains chevaux refusent d'avancer s'il y a plus de chariots qu'il ne doit !

    Les mineurs travaillent à la voix, en criant par exemple "au cul" dans les descentes pour que le cheval amortisse la poussée venant de l'arrière, "au collier" si un effort important doit être fourni, ou "soupe" quand c'est l'heure de la pause. Les mineurs prennent souvent l'habitude de piquer les flancs avec le crochet de leur lampe. Les chevaux deviennent alors agressifs et attaquent souvent les premiers en bloquant le passage ou en tentant de mordre les mineurs.

    Le harnachement subit lui aussi beaucoup de dégâts et il faut en général un bourrelier pour trente chevaux au lieu de un pour cinquante à l'extérieur. La bride est dépouillée de la muserolle et parfois de la sous-gorge, par contre on rajoute un couvre-nuque. On rajoute aussi sur l'attelle un anneau pour accrocher une lampe de mine, et aussi une cloche pour annoncer l'approche des convois.

    Le choix des chevaux :
     

    L'extrême dureté du travail fait rechercher des chevaux dont l'ossature et la masse musculaire permettent de fournir des efforts importants sans fatigue excessive ni usure prématurée. Si les imperfections comme l'esthétique de la tête sont acceptées, les sabots doivent être bien formés pour résister aux chocs contre les rails ou les rochers et aux stations dans la boue. Il faut d'ailleurs souvent les referrer, toutes les une à deux semaines. La taille du cheval varie en fonction du travail demandé et de la taille des boyaux de la mine. Des mules ou des poneys sont parfois employés, comme le Shetland ou le Pottok. Des chevaux devenus aveugles restent parfois employés, ils se déplacent sans difficulté dans les galeries car leur travail étant très répétitif, ils ont pu mémoriser la conformation des lieux avant de perdre la vue.

    Leurs conditions de vies :

    Malgré la dureté du travail, les chevaux peuvent passer dix ou quinze ans au fond, mais la mortalité reste de l'ordre de 30%. Leur peau est constamment couverte d'écorchures et d'ecchymoses. Ils sont parfois obligés de se mettre à genoux dans les galeries étroites! Les jeunes charretiers malmènent leur compagnon d'infortune et les poussent à plus de rendement. Alors quand leur poil devient terne, que l'essoufflement est exagéré et que l'appétit n'est plus là, on se contente de les mettre à des postes plus reposants. Dans certaines mines ils sont remontés régulièrement à la surface où ils manifestent une joie sans équivoque à la vue du soleil.
     

    Le cheval est descendu au fond de la mine par un puit, enfermé verticalement dans un harnais solide, aveuglé par un bandeau, les quatre membres entravés, et protégé par de la paille.

    Les écuries sont au fond de la mine et restent très rudimentaires jusqu'à la fin du XIXème siècle: une anfractuosité dans la roche, meublée d'un râtelier et d'une caisse en bois. Plus tard, on va s'efforcer de réduire l'humidité en cimentant les murs de l'écurie . Malgré tout les rats pullulent et l'humidité est telle que le fourrage doit être descendu tous les jours.

    Leur disparition :
     

    Au début du XXème siècle, le cheval est progressivement remplacé par la locomotive électrique. Elle permet de réaliser une économie de l'ordre de 60%. En France, des chevaux seront employés jusque dans les années 1960. Les souffrances endurées par les mineurs, si bien évoquées par Emile Zola, le furent aussi par les chevaux et malgré la générosité naturelle du cheval à fournir au mieux le travail demandé, on ne peut que se féliciter de leur remplacement par l'énergie mécanique.

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